Nous sommes en février 2016, en début d’après-midi. Il pleut, je suis sur mon ordinateur, à surfer, sur le net.
Une heure plus tard, je me retrouve en possession d’un billet d’avion pour Oulan Bator (Ulaanbaatar), en Mongolie. Que s’est-il passé ?????
Pour être honnête, je n’en sais rien. Je ne comprends, j’ai perdu pieds…
Jamais, je n’avais parlé de Mongolie, et encore moins d’y aller, en vacances.
Je me souviens juste avoir pensé en boucle : « CHAMAN », « CHAMAN », « CHAMAN ».
Une fois ce billet acheté, je me suis donc attelé à trouver une solution, pour aller rencontrer des chamans. Mais comment faire ? D’abord, il est où, ce foutu pays ????
Parfois, les gens parlent de « synchronicité ». Jusque-là, cela ne me parlait pas vraiment, mais je crois que ce samedi pluvieux de février, il s’est vraiment passé quelque chose d’irrationnel et d’inexplicable.
Moi, le bon « terre à terre », le pragmatique, le contrôlant, j’avais bel et bien lâché prise, lâché le guidon, et la bécane était allée là, où elle avait décidé seule de se rendre. Moi, j’avais les yeux fermés…
Comme si quelque chose, au-dessus de moi, ou peut-être à l’intérieur de moi, savait que je devais aller en Mongolie, à ma rencontre.
Je me souviens de la réaction de ma fille, qui une fois de plus, m’a regardé avec les yeux écarquillés, quand je lui ai dit que je partais en Mongolie : « Mais papa, m’a-t-elle dit, que vas-tu faire, dans ce pays que tu ne connais, ni de loin, ni de près ? Qu’est-ce tu as encore foutu ??? ». Et que, un peu plus tard, d’ajouter : « Tu as vu papa, sur ce site, ils disent que Oulan Bator est la capitale, la plus moche du monde ».
Je lui ai répondu bien droit, dans mes bottes, mais avec les guiboles toutes tremblantes : « Ben, je vais rencontrer les chamans »… et là, elle s’est prise la tête, entre les mains….
En fait, je crois que je planais complètement.
Quelques mois plus tard, je suis donc parti avec mon sac à dos et mon duvet, pour un autre monde, que je savais très très différent. Un monde qui m’appelait, mais je ne savais pas pourquoi.
Je suis resté seul deux jours, à Olan Bator, pour visiter cette capitale si particulière, où se côtoient les gros 4 x 4 de luxe, et les enfants mendiants, en loques. Où la violence de deux mondes, s’affronte.
Les chinois avec leurs moyens illimités qui viennent cannibaliser cette capitale, où dans la même avenue, se frôlent des buildings de verre bleu, avec leurs boutiques de luxe, françaises, des monuments de l’époque communiste, en état de ruine, et des statues GENGIS KHAN accompagné de ses impressionnants guerriers mongols.
J’ai vite compris que la Mongolie, pays de paradoxes, allait, comme beaucoup d’autres pays en « voie de développement », se faire dévorer par le mondialisme, si elle ne réagissait pas.
Mais, je fais confiance en l’Homme. Je le sais capable du meilleur, capable de toujours trouver moyen de s’en sortir, de la meilleure des façons. Ce peut être long et douloureux, mais l’histoire le démontre toujours.
J’ai erré dans cette ville, de temple en temple, de méditation en méditation, et de rencontre en rencontre. Les Mongoles sont un peuple hyper sympa, toujours souriant et très accueillant. Ils ont vraiment gardé leurs valeurs, le vrai sens de l’accueil des peuples nomades.
Même si, croyez-moi, il n’est pas toujours simple de dialoguer, avec eux, quand on ne parle ni le mongole, ni le russe.
J’ai ensuite rejoint Meg (d’ORSOO Voyage), son équipe, les deux chamans, les 3 autres français du groupe et nous sommes partis dans l’immense steppe que j’avais grand-hâte, de fouler.
Nous avons quitté Oulan Bator et rapidement les routes sont devenues des pistes. Nous partions à l’aventure, dans un vieux 4×4 russe, sans âge, vers un autre monde, à une autre époque, sans eau courante, ni électricité : le bonheur, un rêve que j’attendais depuis tellement longtemps.
Me retrouver dans une nature sauvage et préservée, avec le minimum vital : de quoi manger et une tente pour dormir.
Nous avons roulé plusieurs jours, allant de temples bouddhistes ayant résistés aux massacres de la période communiste russe, en sites sacrés ou les énergies sont d’une puissance que je ne connaissais jusqu’alors, pas.
Le soir, à la nuit tombée, les chamans préparaient un feu, pour les cérémonies. Tous les soirs, nous nous retrouvions autour du feu, avec les chamans, leurs rituels et leurs oracles. Cette expérience reste, à ce jour encore, quelque chose d’EXTRAORDINAIRE, d’INOUBLIABLE.
L’après Mongolie sera complètement différent pour moi, je ne serai plus le même. Mais, à ce moment-là je ne le sais pas et surtout je n’en ai pas encore saisi le sens…
Je trouvais enfin ce que je cherchais depuis si longtemps. Je comprenais, mais en partie seulement, à ce moment précis, pourquoi le destin m’avait fait prendre ces billets d’avion, pour la Mongolie.
J’étais chez moi.
Cette terre faisait vibrer mon Âme, comme jamais je n’avais ressenti cette sensation.
Il se dégageait des chamans et de leurs oracles, durant les cérémonies, une magie, qui ne m’était pas étrangère, une puissance inouïe, une force incroyable, indescriptibles. Je ne trouve, aujourd’hui encore, pas les mots pour exprimer mes ressentis.
Il se dégageait d’eux, cette force guerrière hors du commun. Cette force, cette détermination qui a permis, il y a quelques siècles, aux guerriers mongols, guidés par le grandissime chaman GENGIS KHAN, de conquérir l’Asie et une grande partie de l’Europe.
Quand les chamans se font « intégrer » par leurs oracles, ils ne sont plus les mêmes hommes. Ce sont les oracles qui prennent possession de leur corps ,pour communiquer, avec nous.
C’est vraiment une expérience incroyable, c’est une énergie tellement forte, tellement puissante !
C’est juste magique, de pouvoir communiquer avec des Âmes non-incarnées venues à notre rencontre pour nous accompagner, nous guider, nous enseigner. C’était irréel, surnaturel, magique et tellement exceptionnel ! Une expérience hors de la matière, hors du temps, une reliance à la Source. Et en même temps, derrière toute cette puissance nos échanges se passe dans une telle bienveillance, avec tant de compassion, de partages et de rires.
J’étais comme un petit enfant, devant le Père Noël. J’étais tout ébloui, sans voix, à me pincer pour m’assurer que je ne rêvais pas.
Les séances étaient très riches, très instructives. Les oracles abordaient un thème différent, lors de chaque cérémonie. Ils nous ont expliqué qui ils étaient, le comment et le pourquoi de leur venue. C’était vraiment magique et si enrichissant : j’étais aux paradis !
Je trouvais enfin certaines réponses, à mes questions. Certaines, car les réponses sont toujours en Soi, et que c’est à chacun, de faire en sorte, de les trouver. Ils m’ont donc, en réalité, donné des clés, car, c’est à moi, qu’incombe le choix de les utiliser, ou pas, pour ouvrir les bonnes portes.
Puis après quelques jours de visite, nous nous sommes posés dans la steppe, dans un coin perdu, au bout du monde, durant plusieurs jours.
Nous étions nulle part, mais au paradis. Au cœur de la Mongolie, j’étais bien, libre, heureux.
Je n’étais rien, personne, inexistant, une poussière dans l’Univers, mais, et en même temps, l’Être le plus important, car j’étais seul, avec moi-même. J’étais au centre de nulle part, mais au coeur de l’Univers, à côté d’un petit ruisseau, dans cette steppe immense, entourée de montagne. Je n’étais Rien et Tout, en même temps.
Nous sommes restés là, sans rien, avec juste de quoi manger et dormir.
Nous étions là, ici, nulle part, sur ce coin de Terre Mère, juste avec SOI, la NATURE et la VIE.
Être posé à cet endroit, avec son SOI profond, méditer, couper le mental, se plonger à l’intérieur de son Être, se connecter à son Âme, sur la TERRE MERE, avec les Energies puissantes et sauvages du lieu : ENFIN ! MERCI le GRAND MYSTERE ! GRATITUDE ! ENFIN… JE VIS !
Cependant, parfois le temps s’éternise et ce n’est pas simple pour l’occidental moyen, dont le cerveau n’a de cesse de pédaler, tout le temps, à demander pourquoi, pourquoi, pourquoi, et qui semble avoir comme passion, de toujours vouloir pédaler de façon très addictive, dans une semoule visqueuse et gluante, autant barbante, qu’inutile.
Mais quelle chance d’être là ! Quel apprentissage ! Quelle leçon de vie ! la Vraie Vie : être seul, avec son cœur, juste respirer, ne rien faire, juste écouter, sentir, ressentir LIBRE.
Être seul avec son cœur, avec son Âme, avec son corps pendant plusieurs jours, j’en frissonne encore.
Les soirées, nous étions autour du feu, avec l’Esprit du Feu et les Oracles. Ils sont marrants, ils nous posent une foultitude de questions sur notre mode de vie, sur notre pays, sur notre système d’éducation, de santé etc… C’est vraiment surprenant.
Les chamans nous demandaient, après les échanges collectifs, si nous souhaitions leur poser des questions personnelles, si nous avions besoin d’un soin ou d’autres choses. Ces entretiens individuels ont été pour tous, et à chaque fois, des plus bouleversants. C’était comme se retrouver nu, devant son propre créateur, devant son subconscient. En fait, même pas la peine de poser de question. Ce qu’il m’a été dit, était juste ce que je devais entendre. Et si je ne l’avais pas bien entendu, quelques soirs plus tard, une remise au point ferme, mais juste était faite. Finalement beaucoup de conseils utiles mais rien en soi, ou presque, que je ne savais pas. Plein de choses que je ne voulais pas voir, que je cachais tout au fond de moi, certainement par peur. Nos bonnes vieilles peurs que l’on se traine souvent de génération en génération….
Je crois qu’il m’a fallu plusieurs années, pour bien comprendre, pour bien saisir, ce que j’étais allé chercher en Mongolie, sur cette terre déjà foulée, en compagnie des chamans.
Aujourd’hui encore, il m’arrive d’avoir des réponses, des enseignements.
En décembre 2019, je suis allé au cinéma, voir le film, de Corinne SOMBRUN : « Un monde plus grand ». Dès le début du film, à la première image, mon corps a réagi : des émotions indescriptibles m’ont envahi. J’y étais, je sentais l’odeur, de cette terre qui m’appelle, toujours autant.
En Aout 2020, il était prévu, qu’avec Meg, j’accompagne un groupe, en Mongolie, avec mes amis chamans. Le COVID en a décidé autrement, mais ce n’est que partie remise….
De toute façon, dans mes moments de rêverie, mon Âme aime y retourner de temps en temps pour vagabonder autour des yourtes, galoper avec les chevaux et les yacks, écouter les loups chanter, pour saluer mes amis Esprits Mongoles…
La Mongolie restera toujours dans mon Âme.
Elle restera toujours comme une expérience exceptionnelle, l’Expérience primordiale, Divine.
Elle restera comme le voyage qui a irrémédiablement changé ma vie.
Je me suis retrouvé en Mongolie, je m’y suis trouvé.
J’ai compris qu’il était temps pour moi d’assumer qui je suis.
J’ai compris qui j’étais, ce que j’y étais venu chercher et ce que je devais faire pour me réaliser.
Je n’aime pas ce verbe « devoir » qui implique une obligation, une contrainte…
Je préfère dire ce que j’ai « choisi » de vivre, de réaliser, dans cette incarnation.
J’ai compris pourquoi ma lignée, a validé ma demande, de m’incarner, dans cette famille.
J’ai compris quelle était l’œuvre que je suis venu créer, ici et maintenant.
J’ai compris QUI JE SUIS.
Mongolie je t’aime, je reviens bientôt.
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